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Pour percer enfin la cuirasse du premier ministre Jean Charest, il aura finalement fallu un tir croisé simultané d’un grand nombre de joueurs à l’aide d’une nouvelle arme terriblement puissante : le doute.

Alors que les attaques publiques contre Jean Charest n’avaient jamais réussi à traverser l’épreuve des faits, ses adversaires ont désormais compris que les médias, en pleine crise de visibilité et de survie, se nourissent beaucoup plus du doute que des faits.

L’ADQ l’avait déjà bien compris, avec ses éternelles insinuations de conspiration contre le père de famille ouvrier de classe moyenne qui se fait avoir par l’immigrant, le fonctionnaire, le gars sur le B.S., le politicien, l’autochtone, le Montréalais, l’anglais, etc.

On a maintenant compris qu’en orientant toutes les accusations et tous les doutes sur une seule personne, on pourrait enfin faire mal. Tous les adversaires se sont retourné, un après l’autre, dans la direction de Jean Charest. En faisant peser tous plein de soupçons sur ses épaules, on a assumé qu’on finirait par l’affaiblir.

Fabriquer du doute

Rappelons-nous de Sylvie Roy, alors chef intérimaire de l’ADQ, qui prétendit à l’Assemblée nationale que Jean Charest « devait sûrement savoir » que trois ministres « auraient, il paraît, été sur le bateau de Tony Acurso, mais je ne sais pas, il paraît que. Je ne l’affirme pas, je questionne… »

Sylvie Roy:

Après trois semaines de manchettes et de controverses, alors qu’on comprenait finalement que rien n’était vrai, on découvrit, plutôt, que le seul politicien à avoir entretenu certains liens avec Acurso, était nul autre que l’ex-chef de L’ADQ lui-même, Mario Dumont. Trois semaines de scandale contre le PLQ, basé sur une fausse rumeur, alors que Dumont, « réel proche d’Acurso », n’en a eu que pour une demi-journée, dans un quotidien Montréalais.

Pensez à Pauline Marois qui, n’ayant jamais réussi à trouver de point faible à Jean Charest, a lancé le week-end dernier de graves accusations en laissant planer le doute qu’il y aurait peut-être un lien entre lui, les constructeurs, les syndicats, son allocation de 75 000$, mais sans rien vraiment affirmer, évidemment, seulement des questions, des doutes. Les médias ont adoré l’idée.

Pauline Marois:

Marc Bellemare, ex-ministre qui n’a pas encore digéré son départ du conseil des ministres en 2004, après un an de service maladroit, profite des doutes lancés pour en décocher à son tour des nouveaux contre Jean Charest. Il nous annonce qu’il « sait plein de choses contre le PLQ et son chef », mais qu’il ne peut rien dire. Il explique que seule une commission publique pourrait lui permettre de raconter ses secrets. La justice, il aime pas trop ça. Il préfère les projecteurs et les caméras plutôt que les enquêteurs policiers. C’est vrai que devant un policier, tout ce qu’on affirme peut être retenu contre nous.

Marc Bellemare:

Les garderies, même histoire. Quelque chose d’illégal ? Non. Pire, les problèmes dénoncés par l’Opposition péquiste, comme l’attribution de permis de garde, remontent en majeure partie à l’époque où le PQ gouvernait ! Pas grave, on lance du doute.

Pendant ce temps, tous les puissants syndicats de fonctionnaires négocient avec le gouvernement Charest. La puissante fédération des médecins de Gaetan Barrette, par exemple, a investit 40 millions $ en publicité contre la gestion du gouvernement (la campagne anonyme « l’expertise a un prix »), sur toutes les télés, radios, journaux et web. Quatre fois ce que le gouvernement investit en pub dans une année complète, tout secteur confondu. Toutes ces négos sont un exercice très douloureux pour tout gouvernement, puisque l’histoire se répète à chaque fois : un grand nombre de « fuites » de sources gouvernementales anonymes, comme la Santé, visent à miner la crédibilité de la gestion du gouvernement. Un gouvernement affaibli négocie toujours moins bien que lorsqu’il est en position de force devant les médias. Alors on doute de nos élus et de leur capacité de gestion.

Dans toutes les attaques, les pratiques demeurent les mêmes : jamais de réels faits, toujours des soupçons. Brillant comme nouvelle approche : les médias adorent.

Pourquoi chercher à trouver des scandales, quand on peut simplement en imaginer ?

Si les journalistes rêvent autant d’une commission d’enquête publique, on le comprend, c’est notamment parce qu’il s’agit de la plus grosse usine à fabrication de « doutes » qui puisse exister. Imaginez : les témoins jouissent d’un privilège inestimable: l’immunité. C’est-à-dire qu’ils bénéficient, entre autres, du droit de mentir. Littéralement.

Imaginez le potentiel.